Mis à jour 14/09/2014 06:19 - Crée le 29/07/2008 12:51

JO de Pékin et pollution

J.O. de Pékin et pollution

La qualité de l'air de Pékin a connu une nette amélioration avant les jeux Olympiques à la suite des différentes mesures appliquées depuis le début du mois, ont affirmé mardi les autorités mais malgré les efforts déployés, le niveau reste bien supérieur aux normes recommandées par l'Organisation mondiale de la santé. Les autorités envisagent d'interdire 90 % des voitures particulières.

Un jardinier arrose une pelouse à proximité du stade olympique sous un ciel uniformément blanc et une visibilité réduite. Dans la capitale, l'index composite de la pollution de l'air dépasse de loin les normes.  Crédits photo : AFP

En l'an 2000, lorsque le Comité olympique international se déplaçait jusqu'à Pékin pour étudier si la ville pouvait être candidate aux JO, les responsables déployaient les grands moyens : des kilomètres carrés de gazon étaient installés sur le parcours des éminences olympiques, et dans certains cas, l'herbe était même arrosée de peinture verte. Cela provoquait l'hilarité des habitants : tout était bon pour faire de Pékin une ville écologique.

Sept ans plus tard, la capitale est devenue une cité-jardin, mais lorsque le soleil n'arrive pas à percer la couche crasseuse dans laquelle baigne la capitale, ceux qui ont des difficultés à respirer sont sévèrement affectés, tous les autres souffrant de fortes migraines.

La visibilité reste réduite à quelques centaines de mètres, avec un ciel uniformément blanc. Même si le gouvernement a déjà retiré de la circulation la moitié des 3,3 millions de véhicules, les métros, ultramodernes, sont bondés et les embouteillages toujours là. La municipalité envisage, en dernier recours, d'interdire 90 % des voitures particulières et de fermer encore plus d'usines.

Pékin, avec son climat continental et la proximité des déserts, a toujours été une ville difficile à vivre pendant juillet et août. La température y flirte avec les 40°. Aujourd'hui, seize des vingt villes les plus polluées du monde sont chinoises. Car la Chine dévore davantage de charbon que les États-Unis, la Russie et l'Inde réunies. Elle consomme la moitié de l'acier et du ciment de la planète et on estime qu'elle bâtit la moitié des gratte-ciel du monde. Cette industrialisation express, liée à une urbanisation à tout va, a un coût écologique exorbitant : 400 des 600 rivières du pays sont définitivement polluées, 600 à 700 millions des habitants boivent leurs eaux, et les 4/5 des rivières n'ont plus de poissons. Certains spécialistes estiment que le Yangzi, le plus long des fleuves d'Asie, sera une rivière morte d'ici peu. Les trois quarts des forêts du pays ont disparu, un quart du territoire s'est désertifié, et des pluies acides s'abattent sur un tiers du pays, imprégnant les sols, les eaux, les fruits de la terre. Chaque année, des incendies souterrains provoqués par l'exploitation sauvage des mines font brûler 200 millions de tonnes de charbon, ce qui contribue massivement au réchauffement global.

Les autorités de la ville pourraient donc annoncer des mesures extraordinaires sous peu, selon le journal officiel anglophone "China Daily". "Nous mettrons en oeuvre un plan d'urgence" 48 heures à l'avance "si la qualité de l'air se détériore pendant les Jeux du 8 au 24 août", y déclare un haut responsable du Bureau de la protection environnementale de Pékin.

En Chine, le gouvernement de Pékin est impuissant à se faire entendre des gouvernements des grandes provinces, qui refusent de fermer les usines polluantes, au nom de la croissance économique. Un argument spécieux : des spécialistes jugent que les dégâts environnementaux ont un coût exorbitant pour la Chine : au moins 7 % de croissance par an, déclare Vaclav Smil, un chercheur de l'université du Manitoba. Un officiel du Conseil des affaires d'État chinois (l'équivalent de notre gouvernement) a même estimé ce coût à 10 points de croissance en 2006. C'est-à-dire que la Chine se dévorerait elle-même, en croyant s'enrichir !

Si ces JO pouvaient démontrer aux Chinois que la pollution n'est pas une fatalité, ils auraient rendu un immense service à l'humanité. Pour cela, il faudrait que les bons dragons du pays colorent le ciel pékinois de bleu, à partir du 9 août prochain, pour des «Jeux glorieux» !

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