Mis à jour 27/06/2014 19:07 - Crée le 09/02/2007 11:39

Trop de grand gibier ?

L'envolée démographique

Chevreuils, cerfs et sangliers prolifèrent depuis une dizaine d'années et menacent l'équilibre biologique. La chasse ne parvient plus à jouer son rôle régulateur entre faune sauvage, forêt et flore. Le financement du préjudice occasionné aux agriculteurs risque de devenir problématique. Le territoire français connaît une explosion incontrôlée des populations de grand gibier. Une situation paradoxale dans un pays ayant institué en 1963 le système des plans de chasse, généralisé en 1979 à tous les départements pour protéger les cerfs, chevreuils, chamois, mouflons ou isards.

Depuis cette époque, les populations n'ont cessé d'augmenter, et la pente de la courbe s'est nettement accentuée au cours des dix dernières années.

L'évaluation des populations de grand gibier en France repose sur les informations collectées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) dans le cadre des tableaux de chasse. Lors de la saison 2000-2001, les prélèvements cynégétiques ont concerné 430 262 chevreuils (+ 5,3 % par rapport à 1999-2000), 382 518 sangliers (+ 24,7 %) et 35 305 cerfs
(+ 6 %). Certes, ces chiffres ne recensent pas directement les populations, dont le comptage n'est réalisé qu'à petite échelle, mais ils reflètent leur régulière augmentation.

Surpopulation

Au cours des vingt dernières années, les tableaux de chasse annuels des chevreuils et des sangliers ont été multipliés par 6 et celui des cerfs par 3,6. Instaurés pour protéger des espèces menacées de disparition, les plans de chasse se révèlent inadaptés à la régulation des surpopulations. Pour preuve, la différence entre les autorisations de prélèvement et leurs réalisations. L'an dernier, les chasseurs avaient l'autorisation de tuer 49 000 cerfs, soit près de 14 000 de plus que le tableau de chasse effectivement réalisé. Cet écart de 40 % accélère l'augmentation des effectifs de cerfs. Le phénomène concerne également les chasses du chevreuil (déficit de 13 %), du chamois (12 %), du mouflon (29 %) ou de l'isard (32 %). Le sanglier, pour lequel aucun plan de chasse limitant les prélèvements n'est établi, est loin d'échapper à l'envolée des effectifs. Il a étendu son territoire à l'ensemble des départements français, y compris les régions de montagne.

Dégâts

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Cette évolution pose de sérieux problèmes en matière d'équilibre biologique et d'augmentation des dégâts sur les cultures. A la direction générale de l'Office national des forêts (ONF), on qualifie la situation de "grave". Les surpopulations de gros gibier, parfois supérieures au double de la densité d'équilibre, remettent en cause la gestion durable de la forêt.

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Les dégâts les plus importants sont provoqués par l'abroutissement, c'est-à-dire la consommation de nourriture végétale par les cerfs et les chevreuils. Certaines de leurs pratiques, comme le fait de frotter les bois lors de leur repousse pour faire tomber le velours qui les entoure, écorcent la tige des arbres jeunes. D'où une dégradation de la capacité de renouvellement de la forêt.
Cette surpopulation pourrait donc avoir un impact sur la biodiversité, avec le risque de voir disparaître certaines essences "plus consommées que d'autres" et en quantité inférieure (érables, merisiers, frênes).

Restaurer un équilibre écologique

Le retour à l'équilibre entre la faune et la flore ne passe pas uniquement par la maîtrise des populations. Il faut augmenter la capacité d'accueil de la forêt par une meilleure gestion sylvicole.

A l'ONCFS, le directeur des études et de la recherche analyse le cas du cerf comme le résultat "de plans de chasse trop complexes qui distinguent, outre les catégories - jeune, biche et mâle, des subdivisions à l'intérieur des mâles". Pour le chasseur posté, il devient très délicat de prendre la décision de tirer. Parallèlement, certaines pratiques comme la chasse en battue, appréciées dans les départements du Sud, font sortir le gibier de son territoire alors que la chasse à l'affût ou à l'approche le perturbe moins et se révèle plus efficace.

L'explosion démographique du grand gibier provoque une profonde remise en cause de la chasse. Une approche plus scientifique semble nécessaire, afin de restaurer l'équilibre écologique. De loisir controversé, la chasse pourrait devenir un véritable instrument de maintien de l'harmonie entre l'homme et la nature.

Le nombre de chasseurs diminue en France

Le nombre de chasseurs diminue en France de 2 à 3 % l'an. Malgré l'absence de statistiques nationales, l'âge moyen des chasseurs semble augmenter, ce qui expliquerait en partie la baisse du nombre de pratiquants. Néanmoins, ce phénomène ne semble pas encore toucher la chasse du grand gibier. Ce n'est donc pas ce phénomène qui peut expliquer les déficits de prélèvements par rapport aux plans de chasse. Serait-ce l'efficacité des pratiquants ? Outre la complexité des règlements, la qualité de tir pourrait contribuer à l'expliquer. Pour l'instant, les épreuves d'obtention du permis de chasser, examen instauré en 1976, restent essentiellement théoriques. La formation pratique est axée sur la sécurité à l'égard d'autrui afin d'éviter le tir hors vue et pour pousser à l'identification préalable du gibier.
Rien, en revanche, sur la précision du tir, qui évite de blesser et optimise le tableau de chasse.

Si la majorité des chasseurs sont conscients de leurs responsabilités en tant que chasseurs et citoyens il est à déplorer toutefois l'attitude de certains qui porte préjudice aux autres chasseurs et aux "promeneurs-randonneurs" en donnant une mauvaise image d'eux-mêmes, de leur activité et en polluant les sites. Ainsi pour la troisième année consécutive en 2006, a-t-on pu voir dans une forêt de l'Oise ce spectacle affligeant (dont témoignage photos ci-dessous). Aucun nettoyage par les chasseurs n'a été effectué pendant plusieurs semaines.... et les instances concernées  alertées  n'ont  pu prendre des dispositions que tardivement.

âmes sensibles, s'abstenir de regarder...

Dialogue agriculteurs - chasseurs

Ces dernières années des mesures permettant de régler au mieux les problèmes et de réinstaurer un dialogue entre agriculteurs et chasseurs ont vu le jour mais il faut que ces derniers se saisissent du problème. Ils revendiquent un rôle dans la gestion de la nature et des espèces cynégétiques, mais il faut l'assumer jusqu'au bout.

Au-delà du loisir, les chasseurs doivent intégrer la logique de limitation du dégât et les intérêts des agriculteurs. Il faut qu'ils chassent plus et qu'ils éloignent les animaux des terres cultivées en gérant les battues. D'autant que les sangliers s'adaptent à la situation, n'hésitant pas à fréquenter les résidences secondaires ou principales.

Le fragile système d'indemnisation des dégâts

Les chasseurs déboursent 21millions d'euros par an pour indemniser les dégâts commis par le gibier sur les récoltes, qui proviennent, selon les dernières estimations, à 80 % des sangliers et à 20 % des cervidés.

Ces sommes sont essentiellement financées par la vente de timbres "grand gibier" départementaux (7,5 à 75 euros pièce) dont les chiffres globaux ne sont pas communiqués.

S'y ajoutent les taxes sur les plans de chasse et la vente de bracelets qui rapportent environ 12,6 millions d'euros. Enfin, certains chasseurs payent des timbres "grand gibier" nationaux qui rapportent environ 4,4 millions d'euros.

Un système complexe, qui risque de se trouver en difficulté car la diminution du nombre de chasseurs n'influe pas directement sur le financement des dégâts car elle est compensée par l'augmentation du prix des timbres et des taxes sur les plans de chasse.Néanmoins, un coût trop élevé de la chasse au grand gibier peut conduire les chasseur à délaisser cette pratique.

La situation deviendrait alors périlleuse : une baisse des prélèvements de gros gibiers conduirait à une augmentation des dégâts. D'où des indemnisations en croissance mais des ressources en diminution...

Sur le terrain, les initiatives en matière de prévention se multiplient.
Les chasseurs posent des clôtures pour protéger les cultures sensibles, ils mettent également des terres en jachère pour fournir de la nourriture aux animaux et éviter le ravage des cultures. 

Faute de prédateurs la chasse est indispensable

Dans les années 1960, le grand gibier était très rare. Les plans de chasse de l'époque ont bien géré ces populations grâce à une baisse des prélèvements. Mais la gestion de la pénurie et celle de l'abondance ne nécessitent pas la même approche.

L'explosion actuelle des populations trouve ses racines dans la déprise agricole. Lorsque les surfaces cultivées étaient plus grandes, la pression exercée par la population rurale sur ce gibier était très forte, ce qui enrayait toute prolifération. Aujourd'hui, d'immenses zones en friche servent de refuges aux sangliers auxquels, par ailleurs, la culture intensive du maïs fournit de la nourriture en abondance. Dans les régions méridionales, les chênes verts colonisent d'anciennes terrasses cultivées. Les sangliers y trouvent des espaces dégagés riches en nourriture.

Quel doit être le rôle des chasseurs ?

Le chasseur doit avoir une formation plus poussée et une meilleure connaissance de la faune et de la flore. La chasse doit exercer une fonction de régulation des excès de populations. Les grands gibiers n'ayant plus de prédateurs, la chasse est indispensables pour maintenir un équilibre écologique par cette fonction de régulation.

Seuls les dégâts commis sur les cultures sont indemnisés aux agriculteurs.  Mais on omet ceux qui portent atteinte à la biodiversité dans les réserves ou les parcs. Puisque la faune sauvage est considérée comme patrimoine national, la collectivité devrait participer au financement auprès des victimes. Les sociétés de chasse qui se seraient révélées inaptes à réaliser leurs plans de chasse seraient, elles aussi, mises à contribution.

Source "Le Monde"

Les hôtes de nos forêts

Si l'équilibre doit être maintenu n'oublions pas toutefois le plaisir procuré par la vue de ces grands animaux que l'on peut surprendre, parfois, avec beaucoup de difficultés ! Nous devons préserver les grands animaux  en milieu naturel, en forêt, l'écosystème constitue sans doute la plus importante des unités écologiques et c'est notre avenir qui est en jeu. (Ci-dessous photo anonyme trouvée dans un site consacré aux animaux et à la chasse).

Commentaires

jeudi 19 juillet 2007 13:59

Webmaster s.v. : Merci

ça fait plaisir de voir que des articles intéressent certaines personnes !

mardi 27 mars 2007 11:16

Boris : documentation à conn

Votre texte est intéressant, j'ai appris des choses sur la chasse et les problèmes des animaux en forêt et pour les agriculteurs qui ne sont pas contents .


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