Mariages et traditions populaires

Dans une partie du midi de la France, avant la Révolution, le mariage était précédé de neuf jours par les fiançailles qu'un prêtre bénissait, et de deux à trois jours par une visite que les jeunes parents des deux sexes faisaient aux futurs, avec des chants analogues à la circonstance. Les rubans garnissaient leurs têtes, et pendaient aux cornes des bœufs attelés à une voiture chargée de divers objets pour l'usage de la fiancée, surtout d'un lit et d'une armoire dont le haut était pavoisé par une quenouille de fin lin, ornée de rubans. Le dimanche qui suivait une demande en mariage, le futur conduisait sa belle aux accords, dont le présent ordinaire était une chaîne en or, ou une croix d'or, ou des timballes d'argent.

Au 19e siècle encore, lorsqu'on veut se marier dans les Hautes-Alpes, on fait choix de quelqu'un qui soit connu des parents de la fille, et l'on se rend chez eux avec un entremetteur, qu'aux environs de Gap on nomme tsamaraude (chat de maraude) ; dans le Champsaur, cette visite a toujours lieu un samedi. Est-on bien reçu, on y revient huit jours après, on y passe la soirée qui se prolonge jusque dans la nuit. Les amants causent entre eux ; le confident et la famille s'entretiennent des avantages réciproques des futurs. On mange une bouillie ; la plus ou moindre grande quantité de fromage râpé, mise par la fille sur le potage qu'elle sert au jeune homme, marque le degré d'estime qu'elle fait de lui. On prétend que le fromage râpé est une sorte de philtre amoureux.

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Mais la recherche est-elle méprisée, la fille glisse dans la poche du galant quelques grains d'avoine. Avoir reçu l'avoine signifie être rebuté par celle que l'on aime (d'où l'expression bien connue "prendre une avoine" et également "prendre une avoinée" qui veut dire prendre une «raclée» car l'expression  «l'avoine des cochers»  illustrait les coups de fouet infligés aux pauvres canassons. Le mot avoine a dérivé en «avoiner», frapper, corriger quelqu'un). Le galant disgracié persiste-t-il encore, l'insensible, pour l'éconduire définitivement, tourne vers lui le bout non allumé des tisons. Elle agit ainsi en Lorraine ; mais dans la Brie champenoise, à Nogent-l'Artaud, c'est en l'air qu'elle met le petit bout des tisons. Dans les Hautes-Alpes, lorsqu'elle épouse son rival, plusieurs jeunes gens vont prendre un arbre de 30 à 40 pieds et ils y attachent des rubans et des devises, même des oignons pour exciter les larmes de l'infortuné, et ils fixent l'arbre à sa porte ; l'un d'eux lui chante des couplets analogues à la circonstance, et où souvent il y a des choses piquantes contre la personne qu'il aimait.  Dans le Briançonnais, les garçons font, avec du noir, une traînée sur le mur, depuis sa maison jusqu'à celle de l'objet de sa douleur.

Dans le Serrois et ailleurs, de quelque condition que soit la mariée, si sa réputation est sans tâche, elle a le droit de porter une couronne de fleurs ou de rubans, dite chaperon ; si elle a quelques reproches à se faire, ses compagnes lui arrachent, de force et en public, cette couronne. On y fait, le jour du mariage, sauter une barre aux conjoints ; elle n'est qu'à la hauteur d'un pied si l'épouse est du goût de chacun ; dans le cas contraire, on élève beaucup plus cette poutre. En tête du cortège, on porte des haches pour abattre cet obstacle. Devant la mariée le chemin du cortège peut également être parsemé de carottes au lieu de pétales de fleurs si sa réputation est douteuse.

En certains lieux d'Auvergne, la mariée, placée à l'entrée de la maison, donne un ruban et reçoit en échange un baiser et une pièce d'argent. Ailleurs, les jeunes gens, au retour de l'église et sur le seuil de la porte, offrent aux époux une soupe dont ceux-ci prennent chacun deux cuillerées ; le reste, en signe de bonheur, doit être mangé par le plus joli enfant ; puis viennent les coups de pistolet et de fusil, le repas et la danse, qui durent jusqu'au lendemain.

Si une fille doit se marier dans un autre village que celui qu'elle habite, les garçons prennent les armes, passent plusieurs jour au cabaret, et obligent le futur à payer toute leurs dépenses. Que les époux traversent plusieurs villages, à l'entrée de chacun la jeunesse les attend avec une table sur laquelle sont un verre de liqueur, où ils doivent boire tous deux, et des noix confites qu'eux seuls doivent manger. Les noix confites sont tellement en usage dans les Hautes-Alpes que le moindre paysan en a sa petite provision. Quelquefois des rixes sanglantes s'élèvent dans les villages où passe la noce ; la jeunesse se réunit pour enlever l'épouse et obtenir une forte rançon. Si elle ne saisit que la poule (qu'on porte en tête du cortège, au haut d'un bâton couvert de rubans de plusieurs couleurs), il n'y a pas de rançon ; les vainqueurs se contentent de manger la poule, et de boire et chanter à la honte des vaincus.

Au moment de la bénédiction d'un mariage, si l'époux, en s'agenouillant à côté de son amie, n'a pas soin de se placer sur la robe de celle-ci, elle aura le commandement de la maison. On attachait, au début du 19e siècle, une si grande importance à cet usage, qu'on a vu les deux conjoints tirer à eux la robe à plusieurs reprises et se la disputer. La coutume existait aussi en Lorraine et dans plusieurs autres provinces. A Follainville, avant le départ pour l'église, les futurs s'agenouillent devant père et mère, leur demandent pardon et sont bénis. A la Falaise, en sortant de la cérémonie, les garçons donnent à la mariée un bouillon avec une cuillère criblée de trous ; si elle est étrangère à la commune, les jeunes filles lui donnent un bouquet ; le mari le reçoit des jeunes gens, s'il est d'un autre lieu.

Dans le Bichebron, un balai est placé en travers de la porte d'entrée des conjoints ; si, en rentrant, la mariée ne le relève pas, elle sera regardée comme mauvaise ménagère. Dans beaucoup de villages de la Brie, elle est vêtue de deuil. A Denamont, Sainte-Marie, etc... la future va à l'église et en revient, tenant le bout d'une serviette ou mouchoir dont son conducteur tient l'autre bout. Le lendemain, à l'issue de la messe, deux jeunes gens prennent les conjoints sur leurs épaules, et les conduisent à la croix la plus voisine ; là ils se jurent fidélité réciproque.

Toujours au 19e siècle, à Veynes, lorsqu'un individu désire marier son fils, il dit au père de la fille sur laquelle il a jeté les yeux, que son bouc suit sa chèvre ; le père lui répond de laisser faire, si la proposition lui est agréable ; dans le cas contraire, il assure qu'il saura bien chasser le bouc. Le même usage se retrouve dans certaines contrées de l'Afrique ; ce qui porte à croire qu'il a été importé dans les Alpes par les Sarrasins.

A Sachelay (Yvelines), la première nuit des noces est consacrée à la Vierge, c'est le surlendemain seulement que le même lit reçoit les époux ; le bal fini, et une heure au moins après que les époux se sont retirés, la jeunesse vient chanter à la porte de longs et joyeux refrains, puis elle entre et leur offre vin chaud, pain rôti.

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En région champenoise, les jeunes mariés devaient se cacher pour leur première nuit et toute la noce les cherchait. Au petit matin, si on les avait trouvé après avoir visité bon nombre de maisons...on offrait le champagne aux mariés dans un pot de chambre et ils devaient en boire le contenu. Le réveil des mariés marquait la fin de la noce qui se terminait souvent par une soupe campagnarde, puis plus tard par la traditionnelle soupe à l'oignon.
Des Alpes à la Bretagne cette coutume est bien connue et les préparations à "déguster" dans le pot sont variées : on y trouve de la sauce chocolat avec des morceaux de crêpe, une "soupe" à la banane avec des chataignes et même si ce n'est pas très ragoutant, à force de les préparer dans la région, chacun sait à peu près ce qu'il "déguste" !

Commentaires

jeudi 25 août 2022 6:49

Eloane r. : trouvé idée

Je ne veux pas de voile et j\'ai trouvé l\'idée de la Couronne....


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