Un champignon attaque la grotte de Lascaux

Un champignon s’étend depuis 2001 sur le site de la grotte de Lascaux. Un traitement biocide et l’arrêt de toute activité pendant trois mois ont été décidés.
Pour venir à bout de la prolifération de taches noires sur les parois de la grotte de Lascaux, une série de mesures d’urgence viennent d’être prises par un comité international de scientifiques.
(ci-contre photo paroi saine)

Les champignons sont présents dans les zones les plus confinées du site, surnommé «chapelle Sixtine de l’art pariétal» en raison de son décor paléolithique. Depuis leur apparition en 2001, «ils n’ont guère évolué, mais ils se développent dans certains endroits et disparaissent dans d’autres», a expliqué Marc Gauthier, président du comité qui s’est réuni à Bordeaux. «Il n’y en a pas sur les peintures, à part quelques cas très peu nombreux», a précisé Michel Clément, directeur de l’architecture et du patrimoine au ministère de la Culture. Un traitement biocide localisé va, dans un premier temps, être réalisé. Suivra une mise au repos pendant trois mois. Cela signifie la cessation de toute activité humaine afin d’équilibrer le climat de cette cavité fermée au public depuis 1963.

Par ailleurs, le système de ventilation installé en 2000, va être perfectionné ou remplacé en 2008. La voûte de la grotte, d’une épaisseur de dix mètres seulement, n’est pas un milieu clos mais «un organisme vivant en communication avec l’extérieur, même quand tout est fermé» , a expliqué Marc Gauthier.
La prolifération de colonies noires est visible, notamment sur la Grande Vache qui orne la Nef de la grotte.

Photo Ministère de la Culture - CNP

On distingue désormais des taches noires au-dessus de la tête, entre les cornes.

Les facteurs de développement du champignon sont multiples. «C’est ce qui rend l’affaire com­plexe», a reconnu Marc Gauthier qui invoque notamment le réchauffement. Le développement des taches pourrait également être lié à la présence humaine.

Chaque année, 250 000 personnes viennent visiter le fac-similé de Lascaux II, situé à 500 mètres du site originel. Le préfet de la Dordogne a annoncé la «sanctuarisation» du site. Des mesures vont être prises pour installer le parking au pied de la colline afin de reconquérir un espace plus naturel.

En 2001, le site avait été victime d’une forte attaque de moisissures blanches. Cette invasion avait alors été arrêtée grâce à un traitement à la chaux vive pratiqué sur le sol et les parois de la grotte, qui s’était révélé très efficace. Le représentant du ministère de la Culture a d’ailleurs assuré que tous les moyens financiers vont être mis en œuvre pour «sauvegarder» ce joyau.

Source : Le Figaro - Bordeaux - Sophie Austruy

Les travaux au coeur de la polémique

La grotte de Lascaux aurait-elle rencontré tous les problèmes qu'elle connaît depuis 2001 (avec l'invasion de moisissures blanches puis l'actuelle prolifération de taches noires) si d'importants travaux destinés à remplacer le système de régulation de l'air dans la cavité n'avaient pas eu lieu entre 2000 et 2001 ?

Climat idéal
Cette question, qui place l'administration du ministère de la Culture face à ses responsabilités, est au coeur de la polémique. « En 1965, lorsqu'on m'a demandé de coordonner sur le terrain les travaux de la commission Malraux, nous avions mis au point un système très simple et efficace de régulation du climat de la grotte », rappelle Paul-Marie Guyon, 69 ans, physicien-chimiste et ex-directeur de recherches au CNRS, qui ne décolère pas. « Ce système a permis à des hommes de valeur, comme Jacques Marsal (NDLR : l'un des « inventeurs » de Lascaux en 1940), Pierre Vidal et bien d'autres de rétablir un équilibre climatique durant quarante ans. »


A bout de souffle
A la fin des années 1990, la décision est prise de remplacer ce système à bout de souffle. Mais, au lieu de reproduire le schéma de fonctionnement qui avait fait ses preuves, le choix se porte sur une machinerie davantage conçue pour ventiler un hypermarché que pour réguler le climat délicat d'une grotte ornée dix-huit fois millénaire. Une bévue qui n'empêche pas le cabinet d'études qui l'a préconisée de continuer de citer cette réalisation parmi ses fiertés sur son site Internet...


Système non remplacé
Outre ce choix technique que plus personne n'ose défendre aujourd'hui, les travaux d'installation eux-mêmes ont été menés avec un incroyable laxisme. Grotte ouverte aux quatre vents, décontamination des bottes aléatoire, allées et venues incessantes, introduction d'éléments en bois pourtant formellement interdits en raison des risques de moisissures, etc. Mais le plus étonnant reste que le système saugrenu installé en 2001 n'a toujours pas été remplacé, même si des études ont été lancées. De nouveaux travaux en perspective...

Source - texte de Jerome GLEZE dans http://monpayslahauteprovence.blog50.com/prehistoire/.


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