Les forêts françaises font l’objet d’une réglementation dont le principe affirmé est celui de la gestion «en bon père de famille». Toutefois, la méconnaissance des espèces vivantes a fait oublier dans l’application de ce principe l’importance et la conservation d’une part fondamentale dans le fonctionnement de l’écosystème forestier : les vieux bois et le bois mort.
Les forêts, en particulier leur biodiversité, participent aux grands équilibres écologiques. Le cycle forestier naturel s’étend de la colonisation du terrain nu par les premiers organismes vivants jusqu’à l’état de renouvellement où la végétation atteint l’équilibre dynamique avec son environnement.
Dans nos climats tempérés de plaine, l’aboutissement de ce cycle est forestier. Avant de parvenir à cet équilibre, la végétation passe par différents stades de colonisation. Premièrement, un stade «pionnier» avec l’installation de plantes herbacées qui vont à leur tour, par leur dégradation, améliorer le sol. Viendront ensuite des arbustes, puis des arbres...
Indépendamment du cycle forestier, l’arbre connaît, comme tout être vivant, différentes phases dans sa vie
Il commence par une phase de croissance, puis une phase de maturité pendant laquelle l’arbre adulte continue à s’accroître en diamètre et volume, mais ne grandit plus. Vient ensuite le stade de sénescence, où, progressivement, des parties de plus en plus importantes de l’arbre meurent.
Ce stade se termine par la mort de l’arbre, qui reste debout quelque temps. Vient enfin la phase d’écroulement, où la dégénérescence du bois ne lui permet plus de supporter son propre poids, l’arbre s’écroule et le bois se décompose.
L’ensemble de ce cycle est très long mais dépend naturellement de chaque essence.
Chez les chênes rouvres et pédonculés, qui composent majoritairement les peuplements franciliens, la durée totale de ce cycle peut dépasser 600 ans, alors que la phase de croissance est de l’ordre de 200 ans.
Le revenu du forestier provient essentiellement de la vente de bois. Aussi sera-t-il naturellement poussé à exploiter son bois avant que la croissance de celui-ci décélère.
Le cycle suivi par le forestier menant une sylviculture productive, ampute la plus grande partie du cycle biologique de l’arbre et, dans les forêts gérées, la présence d’arbres anciens est rare et plus rares encore sont les arbres sénescents et les arbres morts, même si la tempête de 1999 est venue créer du bois mort.
On estime la quantité moyenne de bois mort dans les forêts gérées françaises à environ 2,2 m3/ha, alors que les mesures en forêts naturelles tempérées d’Europe donnent des quantités toujours supérieures à 40 m3/ha et peuvent dépasser 100 m3/ha, comme dans les réserves intégrales de Fontainebleau.