
Dans la Ville Haute, sur la promenade arborée de La Treille qui s’étend devant l’Hôtel de Ville, on pouvait voir un vieil arbre un peu penché, soutenu par 2 béquilles : c’était le Marronnier Officiel de la République et du Canton de Genève.
Atteint par l'âge et un champignon, il a laissé sa place à un successeur pour annoncer le printemps par l'éclosion de la première feuille.
C’est le quatrième marronnier à faire office de repère printanier protocolaire depuis 1818. Le nouvel élu se trouve pile en face de la tour Baudet, où siège le gouvernement cantonal.
Eu égard à ses décennies de bons et loyaux services, l’ancien marronnier ne sera pas abattu, bien qu’il soit complètement penché. On le laissera simplement mourir de sa belle mort, à moins qu’il ne devienne dangereux pour les passants. Mais tout a été fait pour éviter cette éventualité, puisque deux solides béquilles le soutiennent déjà depuis des années. De plus, un périmètre de sécurité a été établi avec une barrière qui empêche de trop s’en approcher.
Descendance assurée
De toute manière, l’ancien marronnier survivra au travers de ses clones. Depuis une dizaine d’années, voyant qu’il montrait des signes de sénilité, les arboriculteurs du Service des espaces verts ont assuré sa descendance en faisant des greffes de ses rameaux en pépinière. L’une de ces pousses, âgée de 10 ans, avait d’ailleurs été plantée sur la Treille en décembre 2012.
Le successeur n’occupera donc l’auguste fonction que quelques années, à titre provisoire, un peu comme un régent. Cela en attendant qu’un véritable descendant du marronnier de 1929 ait grandi suffisamment pour assurer la relève. Il y aura donc dorénavant une authentique lignée héréditaire de marronniers officiels à Genève.
Ces observations phénologiques, qui montrent le lien entre la végétation et le climat, sont les plus anciennes que possèdent la Suisse, puisqu’elles se suivent sans interruption sur 200 ans. Elles sont les témoins des évolutions climatiques.
Elles nous apprennent que du temps des deux premiers marronniers, jusqu'en 1928, les premières feuilles apparaissaient en mars et en avril, mais jamais en février.
En revanche le 3ème marronnier avait ouvert ses bourgeons 26 fois en février et 3 fois en janvier !
On ne peut rien en déduire sérieusement sur l’effet du réchauffement planétaire. Un unique marronnier ne suffit pas à valider une observation. Il n’empêche, le marronnier officiel de Genève est sensible lui aussi aux perturbations du climat. En 2002, il avait sorti des feuilles en décembre, et en 2006, il avait bourgeonné deux fois dans l’année !